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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 14:11

Un âne, aux pas assurés et à la démarche confiante,

parcourait un étroit sentier à travers la montagne dangereuse.

Il portait sur lui ballots, colis, sacs et autres paquets

qu’il savait transporter entre deux vallées,

parcourant ces hasardeux chemins, souvent mortels pour qui ne connaissait pas ces lieux.

L’équidé était le porteur de ce pays.

Il le connaissait comme ses sabots et savait mieux que quiconque comment le traverser.

Ce baudet était estimé par tous.

En effet, l’animal était issu d’une longue lignée de portefaix

qui, au fil du temps, s’était formée à ce service.

Ses muscles trapus et son équilibre affirmé

lui permettaient de passer aisément par les chemins les plus tordus

tout en portant de lourdes charges.

Et surtout… l’expérience de ces lieux, accumulée depuis des générations,

lui avait été transmise par son géniteur qui la tenait du sien.

Il avait appris avec lui, après force leçons,

tout ce que devait savoir un porteur pour accomplir son office.

Et ainsi, le bourricot avait rejoint sa vocation

sur les pentes escarpées de ce massif devenu connaissance.

Il savait juger du poids à porter pour le chemin à venir,

et jauger du passage à prendre pour achever sa mission commandée.

Jamais il ne faisait défaut. Toujours, il arrivait avec son transport au complet.

Malgré la dureté de la mission, l’âne était fier de son action

et n’en aurait changé pour rien au monde ayant élevé sa charge au rang de science.

Bien sûr, son emploi avait son prix, mais nul ne s’en plaignait,

car, après tout, le service en valait la peine.

Sauf pour un cochon tout rose à l’embonpoint remarquable et à la queue toute tortillée,

qui trouvait, malgré tout, matière à s’en plaindre.

C’est que… le dodu n’aimait point dépendre de cet indépendant.

Il aurait préféré être payé pour transporter ses marchandises

plutôt que de verser son écot, toujours trop selon lui.

C’est pourquoi ce porcin au gras indiscutable et bien connu de tous,

chercha moyen à s’affranchir de cet animal par trop onéreux.

Et il trouva, bien entendu.

Le rose comploteur fit venir des lamas.

Ces derniers, issus d’un pays lointain abandonné à la sécheresse, ne lui demandaient rien de plus

que quelques brins d’herbe dont ils pourraient se régaler à l’envi, durant leur marche forcée.

Le pourceau avait trouvé, là, idée de génie pour sa bourse bien remplie.

Il sut la vendre, colportant la rumeur d’un transport à moindres frais qu’il ferait payer à qui le voulait.

L’âne conscient de sa valeur et de sa peine à l’ouvrage ne pouvait rivaliser.

Malgré ses protestations, personne ne l’écouta et il se retrouva sans rien à transporter.

Tous lui préférèrent ces ruminants, par ma foi, sympathiques au prix du pourceau.

Et le baudet, ayant perdu son office, dut quitter le pays pour trouver un labeur à ses sabots.

Le cochon envoya ses porteurs à l’ouvrage, calculant déjà ses futurs un labeur à ses sabots.

Le cochon envoya ses porteurs à l’ouvrage, calculant déjà ses futurs bénéfices.

Mais… le lama n’est pas un bourricot, vous en conviendrez.

Le service ne fut pas à la hauteur, tant s’en faut.

Du prix demandé, peut-être, mais pas du résultat escompté.

Les lamas ne connaissaient pas le pays et encore moins le savoir de l’âne.

Ils étaient souvent en retard quand ils n’arrivaient pas du tout.

Et puis, ils ne portaient pas comme lui, ou à la rigueur, comme des bourriques.

Leur charge était plus légère et, parfois même, ils la laissaient au bord du chemin

quand ils étaient partis trop lourds, ne sachant pas ce qui les attendait.

Certains y laissèrent leur vie et le porcin dut les remplacer.

Finalement, les habitants des vallées décidèrent de se passer de ces étrangers,

qui n’étaient pas à la hauteur de leurs sommets.

L’âne fût regretté, bien sûr, mais il n’était plus là.

Le rosé cochon, brillant par sa bonne fortune, fut vaincu par la montagne.

Mais ne croyez pas qu’il se laissât aller à son infortune.

Il sut vendre ses ruminants à prix d’or en boucherie

pour quelques prédateurs, en mal de viandes exotiques.

Le cochon est ainsi, jamais à court de bonnes idées.

Et notre équidé, me direz-vous  ?

Le grison trouva dans un plat pays une marche à faire, une charge à tirer.

Roulant tout le jour une meule dans un moulin,

maudissant sans cesse ce traître de goret rose,

il ne cessait de regretter son art passé qui l’avait conduit dans ces cimes

où il avait connu le bonheur d’une charge bien remplie.

 

Nul ne peut prétendre remplacer le fruit du travail et de l’expérience par un expédient.

Le cochon aurait dû le savoir, mais il ne s’en souciait point.

À trop vouloir l’oublier, c’est construire sa pauvreté.

Apprenez, mes frères,

que le meilleur labeur est moteur de richesse, quel qu’en soit le coût.

 

 

 

 

 

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